Alain Freixe - Valberg les 29-30 octobre 2021
L’expression provient d’un vers célèbre d’Hölderlin dans son élégie Pain et Vin : « A quoi bon des poètes en temps de détresse » (on trouve dans certaines traductions « temps de manque »)
L’expression date de 1800 env. Est-ce là l’énoncé d’une vérité, l’expression vaut-elle au-delà des hommes de son temps, concerne-t-elle tous les hommes y compris ceux des temps à venir ? Hölderlin porta sur les rivages de la lumière ce retrait des « célestes », ce moment où « les dieux » se détournent du visage des hommes, où le divin s’affaisse et qu’alors vient à manquer la grande image…
C’est là un immense débat…
Pour ce qui me concerne, si je creuse un peu je remonte aux « fusées » de Baudelaire notamment celle où il écrit que le monde va finir. J’ai toujours pensé qu’il n’annonçait pas la fin du monde – il n’était pas collapsologue ! Moi non plus ! – mais je crois qu’il voulait signifier que nous étions entrés dans le monde de la fin, d’une fin sans fin. Un monde qu’il s’enfle « d’attrape-de-vie » selon le mot de Rilke, ce monde de la Sensure, cette privation de sens dont parle si bien Bernard Noël. Terrible civilisation des images où l’image loin d’espacer et d’agrandir la réalité la réduit toujours plus, la refermant sur elle-même et avec elle le monde.
Si le verbe résister est si souvent employé de notre côté, c’est me semble-t-il dans la mesure où les images de l’art : poèmes, peintures, musiques… nous douent de lointain, ouvrant en même temps que notre intimité, le dehors du monde.
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